Le projet «Destins croisés» est porté par une femme qui n’est ni psychologue, ni médecin, ni sociologue, ni quelque chose dans l’organigramme des innombrables acteurs du secteur de la santé et du social. Il faut donc que les membres de l’Association Belles Pages soutenant le projet aient trouvé en Nicole von Kaenel une sensibilité relationnelle qui ne se laisse pas décrire par une fonction ou un titre officiels. Depuis toujours, Nicole suscite les confidences des personnes qu’elle rencontre – amis, voisins, collègues bien sûr, mais aussi des gens croisés par hasard dans le bus ou à la caisse d’un grand magasin. Un don qu’elle n’a jamais délibérément cultivé ; des confidences parfois gaies et parfois dramatiques mais toujours spontanées, déclenchées, dirait-on, par la simple chaleur d’une parole ou d’un sourire. Aurait-elle un secret ? On peut trouver beaucoup d’explications dans son parcours (voir le texte intitulé «Une idée qui vient de loin») : un traumatisme vécu dans l’adolescence, une mère autocentrée et affectivement stérile, un père aimant mais bloqué dans l’expression de ses sentiments – et la recherche, tôt dans l’enfance, d’adultes capables de répondre à un immense besoin de contact et d’échanges. Mais le passé n’est pas un sésame. Il y a un mystère dans le naturel et la rapidité des liens que Nicole noue avec ses semblables, quels que soient leur destin, leur âge ou leur condition sociale. Une aisance qui fait qu’elle sait, sans avoir besoin d’y réfléchir, quelle question poser, quand il faut se taire, dans quel registre manifester son empathie, avec quels mots faire sentir à son interlocuteur que ses confidences sont un cadeau et non un fardeau. Une conduite instinctive de la conversation même quand celle-ci quitte le ton de la pure sociabilité pour entrer dans l’aveu des drames d’une existence. Une approche qui rassure : l’autre ne sera pas trahi, ignoré ou incompris. Confiance donnée et reçue, confiance immédiate. Tel est le secret de Nicole, vite deviné pour qui sait lire dans son regard sans naïveté, empathique et fraternel.
Sarah carp – photographies
Née en 1981 à Zurich, diplômée de l’Ecole de Photographie de Vevey, Sarah Carp est de nationalité Suisse. Maman de deux petites filles, elle vit et travaille principalement en Suisse. A la croisée du reportage et de la mise en scène, l’univers poétique de l’artiste parle de la nature et des êtres. En partant de l’intime, elle crée des narrations photographiques atemporelles qui touchent à l’universel.
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2019 Renaissance, Prix Focale - Ville de Nyon - Galerie Focale, Nyon, Suisse
2019 Renaissance, Centre d’art contemporain - Espace Echandole, Yverdon-les-Bains, Suisse